Café lavé, naturel ou miel : comment le traitement du café influence son goût

Café lavé, naturel ou miel : comment le traitement du café influence son goût

publication le 11.06.2025 — par Marc-Alexandre Emond-Boisjoly — 10 mins de lecture —


Chaque tasse que vous dégustez est le fruit d’une exploration. Avant même la torréfaction, avant même que l’eau chaude ne caresse les grains, se joue un moment clé : le traitement du café. Il s’agit d’une étape fondamentale, où l’on transforme la cerise de caféier en grains verts prêts à exprimer leur potentiel. Chez 94 Celcius, micro-torréfacteur québécois, nous célébrons cette danse entre terroir, geste humain et vision précise.

Dans cet article, nous vous invitons à plonger dans les différences entre trois grandes méthodes : le café lavé, le café naturel, et le café miel. Vous découvrirez comment les techniques de récolte et de traitement du café influencent non seulement la tasse, mais aussi l’innovation et l’excellence que nous poursuivons.

1. Pourquoi le traitement du café compte tant

Le traitement du café relie trois temps majeurs : la récolte, la transformation et le séchage. Ces étapes, souvent peu visibles, façonnent au cœur même de la chaîne la qualité du café de spécialité : que vous perceviez une acidité vive, une douceur déployée ou une texture enveloppante, c’est là que tout commence.

  • Le producteur de café choisit le moment de la récolte : cueillir la cerise de caféier à maturité optimale permet d’augmenter la teneur en sucres dans le fruit et donc d’influencer ce qui se passera après.
  • Ensuite viennent les techniques de récolte et de traitement du café : dépulpage, fermentation, lavage, séchage au soleil… Chaque choix impacte la saveur.
  • Enfin, le séchage : pour « assurer un séchage » parfait, il faut parfois de longues journées en plein soleil ou des infrastructures spécifiques.

Bref : le traitement du café ne se limite pas à une formalité c’est un véritable laboratoire sensoriel à ciel ouvert.

2. Le café lavé : clarté et précision

2.1. Le processus

Dans le cas du café lavé, la cerise de caféier est d’abord dépulpée : on enlève la peau et une bonne partie du mucilage. Le grain de café reste ensuite plongé dans des bassins de fermentation (ou par d’autres moyens) pour que les restes de pulpe se décollent. Puis on « lave » les grains à l’eau et on les étend afin qu’ils soient ensuite séchés jusqu’à atteindre un taux d’humidité optimal.

Ce procédé repose souvent sur de l’eau abondante, sur des infrastructures de fermentation contrôlées et sur un climat qui permet un bon séchage. Selon la zone de production (par exemple en Amérique centrale comme le Costa Rica), le climat sec ou les conditions optimisées permettent d’obtenir des grains verts très propres.

2.2. Profil sensoriel

Le café lavé met en valeur la pureté. On y retrouve :

  • une acidité vive, souvent claire et lumineuse
  • des arômes floraux ou herbacés, selon le terroir
  • une texture légère à moyenne, une sensation plutôt nette en bouche
  • un corps plus discret que dans les traitements plus « fruités »

Ainsi, un café lavé révèle d’abord le grain lui-même sa variété, son terroir, son altitude sans que le fruit ne vienne prendre trop le dessus. Cela en fait un excellent choix pour ceux qui cherchent une expression « épurée » du terroir.

2.3. Enjeux et pistes

Le traitement lavé exige de l’eau, un contrôle rigoureux et un bon séchage. Il faut assurer un séchage uniforme, sinon on risque des défauts liés à l’humidité ou à la fermentation trop rapide.

Pour le producteur, le défi est d’atteindre la constance : chaque étape doit être maîtrisée afin que l’innovation ne soit pas un hasard mais un standard.

3. Le café naturel : lenteur, intensité, fruité

3.1. Le processus

Le café naturel (aussi appelé « dry process ») conserve la cerise entière : la peau, la pulpe, le mucilage restent autour du grain pendant tout le séchage. On étend donc les cerises entières au soleil ou sur des lits surélevés (“African beds”) et on les retourne régulièrement pour éviter les moisissures.

Le séchage peut durer de plusieurs jours à plusieurs semaines selon le climat, l’ensoleillement, le taux d’humidité, et la densité des grains. Il s’agit d’un travail patient des producteurs : ils doivent assurer un séchage méticuleux pour éviter toute fermentation indésirable.

3.2. Profil sensoriel

Dans la tasse, le café naturel se distingue par :

  • une douceur plus marquée, souvent sucrée, avec des notes de fruits rouges, de fruits tropicaux, voire de vin ou de confiture
  • un corps plus plein, souvent plus gras ou enveloppant
  • une acidité parfois moins vive mais plus ronde
  • une complexité qui évoque une exploration sensorielle

Comme le souligne un amateur sur Reddit :

« I find natural and honey-processed coffees to be sweeter, fruitier, and richer. Washed coffees tend toward herbal, floral, and savory. »

3.3. Enjeux et pistes

Le traitement naturel est séduisant mais risqué. Il faut un climat adapté (souvent sec, ensoleillé), un bon contrôle des lots, et une surveillance constante. Sinon, des défauts comme « earthy, vinegar, mold » peuvent apparaître.

Pour le producteur de café, privilégier le naturel nécessite un engagement de précision et une vision claire : ce n’est pas simplement laisser sécher librement, mais orchestrer un séchage intelligent.

4. Le café miel : la voie de l’harmonie

4.1. Le processus

Le café miel (souvent appelé « honey process ») se situe entre les deux précédents. On dépulpe la cerise (retire la peau), mais on conserve une partie ou totalité du mucilage. Ensuite, les grains — encore recouverts de pulpe sucrée — sont étalés pour être séché au soleil. Selon la quantité de mucilage conservée, on parle de « yellow», « red», «black honey».

Par exemple :

  • Yellow honey : peu de mucilage restant, séchage plus rapide
  • Black honey : beaucoup de mucilage, plus longtemps à sécher, donne souvent un profil plus riche

Le traitement exige une surveillance serrée : les grains sont vulnérables à l’humidité, à la mauvaise aération, aux moisissures. Le séchage au soleil doit être contrôlé pour éviter des saveurs indésirables.

4.2. Profil sensoriel

Le café miel combine :

  • une douceur notable, mais sans tomber dans l’extrême fruité d’un naturel
  • une acidité modérée, souvent plus ronde
  • un corps plus dense que le lavé, mais plus structuré que le naturel
  • une sensation d’équilibre entre clarté et intensité

Comme le souligne une source : «The honey process sits somewhere between natural and washed. These coffees are known for providing a good level of fruitiness as well as medium …» Hermanos Colombian coffee roaster

4.3. Enjeux et pistes

Le café miel est une belle voie d’innovation : il permet de valoriser le fruit, d’alléger l’usage d’eau par rapport au lavé, tout en conservant une rigueur dans le traitement.

Pour un producteur de café, choisir ce traitement c’est opter pour un équilibre entre héritage et audace, entre pureté et douceur. Chez 94 Celcius, nous voyons dans le miel un symbole de notre propre vision : l’exploration des possibles sans perdre de vue l’excellence.

5. Le rôle du territoire, du producteur et de la vision

Le traitement du café ne s’arrête pas à une "recette". Il est profondément lié au pays producteurs, à l’altitude, à la variété, au climat, à la main du producteur de café. Par exemple, au Costa Rica, certaines fermes ont popularisé le « black honey » dans des micro-lots à haute altitude.

Le traitement devient ainsi un acte de vision :

  • Choisir de traiter en lavé, c’est valoriser le terroir, la pureté et la lisibilité.
  • Opter pour un naturel, c’est inviter à l’exploration sensorielle, à l’audace des fruits.
  • Adopter un miel, c’est faire le lien entre tradition et innovation, trouver l’harmonie.

Chez nous, 94 Celcius, cette philosophie guide notre sélection : nous accompagnons les techniques de récolte et de traitement du café avec exigence, nous collaborons avec des producteurs qui voient autant l’innovation que la matière première comme un voyage. Nous croyons que chaque grain de café vert raconte une histoire et notre rôle est de la transmettre, avec précision, dans chaque tasse.

6. À retenir – pourquoi cela change votre tasse

Lorsque vous dégustez un café, c’est toute une trajectoire que vous percevez : depuis la cerise de café cueillie à maturité, jusqu’aux grains sont ensuite torréfiés et infusés. Le traitement du café façonne :

  • la clarté ou la densité en bouche
  • la dominance d’acidité ou de douceur
  • la pureté du terroir ou l’expression du fruit

En privilégiant des lots traités avec soin, vous accédez à un café de spécialité qui porte la vision du producteur, la rigueur du procédé, l’âme du lieu.

7. Invitation à l’expérience

La prochaine fois que vous verrez l’étiquette mentionner « lavé », « naturel » ou « miel », laissez-vous inviter à la contemplation. Choisissez selon votre appétit du moment :

  • envie de pureté → lavé
  • envie de fruits et de texture → naturel
  • envie d’équilibre et d’harmonie → miel

Et chez 94 Celcius, notre promesse est de partager avec vous ces cafés comme autant de voyages. Nous vous invitons à explorer, à goûter, à ressentir.